« Ce livre n'est pas une œuvre,
C'est une offrande déposée aux pieds des étoiles… »
Regarde dans le feu
Regarde dans mes yeux
Et ose y plonger.
Observe ma colère,
Prête à tout ravager.
Vois-tu briller en eux
Un brasier qui consume,
Lentement, à petit feu,
Mon âme pleine de rancune ?
Regarde et sois témoin
L'abîme en moi s'étend.
Contemple mon chagrin,
Un Phlégéthon ardent.
Mon regard te murmure
L'effroi de mon silence,
Et les braises s'embrasent
Au cœur d'infernales danses.
Alors fixe-moi encore,
Innocent ou coupable.
Tu verras, sans effort,
Un vide impitoyable.
Regarde dans le feu,
Mon être est pris au piège.
Regarde dans mes yeux,
L'incendie de mes rêves.
Les affres de la guerre
Le sang coule sur le front
Pour laver les affronts.
Le sang ruisselle, ardent
Sur les corps, par torrents.
Des cadavres enlacés
Dans les charniers glacés,
Leurs yeux, encore ouverts,
Témoignent de l'enfer.
Car au cœur de la guerre,
Le diable nous admire,
Les démons étaient fiers,
Les humains sont les pires.
La boue dans la tranchée
Aux entrailles souillées
Digère dans le silence
Les restes de l'enfance.
Une pluie de munitions
Quand grondent les canons,
La mort fait sa moisson
Au rythme des bataillons.
Les échos de la guerre,
Dans le vent s'évanouissent,
Répandant sur la terre
Un parfum d'immondice.
Léthé
J'ai nagé dans les eaux de Léthé,
Parmi les morts et les damnés,
Plongé dans le fleuve du chagrin,
Et bu leurs larmes, sucrées, salées.
Un vil nectar au goût malsain,
Un noir breuvage frelaté,
Abandonnée à mon destin,
Je me suis laissé emporter.
Les flots maudits berçaient mon corps,
Emportant mon être dans l'abysse,
Les vagues, des regrets, des remords,
Ont englouti mes espoirs furtifs.
Les eaux sont troubles,
Le fleuve est sombre,
Les fonds sont noirs,
Le courant gronde.
Mon cœur souillé par la marée,
Au fond de Léthé, est prisonnier,
Il dégouline sur mon essence,
Et me dépouille de tous mes sens.
Je tends la main vers le rivage,
Mais il s'efface sous mes doigts,
Mon âme se perd, elle fait naufrage,
Rien ne survit, pas même moi.