Aux bals hantés

Au crépuscule les morts se plaisent.
Au crépuscule les maux se taisent.

Quand vint la brume, les mauvais rêves.
Quand vint la brume, le mal se lève.

Terreurs nocturnes, pensées lugubres.
Au clair de lune dansent les succubes.

Lambeaux de chair, festin macabre.
Pourpre est la pluie sur les Cadavres.

Aux bals hantés, démons masqués.
Perfide valse des damnées.

Le nocher

Sur le rivage une barque attend, les voyageurs songent, un passeur sage
Réclame son obole de tout temps, de tous âges.
Il écume les fleuves où personne ne nage.

Sans un mot, sans adieu,
Les âmes défilent sous ses yeux.

Pourrait-il les sauver ? À jamais ils les voient condamnées.

Son navire de fortune pour demeure incarnée,
Inlassablement il rame ; aurait-il ricané ?

De ses larmes est issu l'Achéron.
Des plus sombres tréfonds
Le passeur du Cocyte réclame ses aumônes.
Son nom : Charon !

Ma gorgone

Au détour d'une balade, j'ai rencontré Euryale.
Ébloui par sa vénusté, je la suivis sans crainte.
Je ne savais alors qu'elle me voulait du mal.

Soudain je fus piégé dans un grand labyrinthe.

Dans son regard je vis le vide,
Ou bien est-ce l'enfer que je crus voir ?
Depuis ce jour en terre humide
Je la suivis sans savoir.

Figeant mes peurs,
Mon être j'abandonnai.
Figeant mes pleurs,
Mon cœur se pétrifiait.

À tout jamais assoupi,
Délesté de tristesse, tout devint froid.
Sinistre silence dans sombre nuit,
De mon essence, elle s'empara.

Matrone des gloutonnes,
Patronne des madones,
Lors d'une nuit monotone,
Je t'avais croisée Gorgone.

Malin

D'un souterrain fait d'éther, il est prisonnier.
Il rumine sa colère d'adages empourprés.

Les complaintes des impies comme seules compagnes.
Il se joue, abuse et dupe les profanes.

Tourmentant la veuve, persiflant l'orphelin,
Se sustentant des peurs, il s'abreuve des chagrins.

Cela fait bien longtemps qu'il nous tente
Par des paroles envoûtantes ; fulminant, il patiente.
C'est bien lui le Malin !

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